Le 15 décembre 2014 avait lieu un long conseil municipal à Courbevoie. Affluence extra-ordinaire pour assister en particulier aux délibérations concernant les parkings souterrains de Courbevoie qui faisaient alors l’objet d’une polémique montante. Occasion aussi de découvrir les contours de la future place Hérold. J’y étais, pas jusqu’au bout, mais un moment quand même. Alors compte rendu sur ce blog !
1/ La Place Hérold
Nous avons ainsi pu découvrir à l’occasion d’une délibération sur le sujet les contours de la future Place Hérold. Cette place centrale de Courbevoie, carrefour entre la Mairie, Charras, l’église et la commerçante rue de Colombes est actuellement moche, tout simplement. Pour ceux qui ne situeraient pas, la place actuelle ressemblait initialement à ça :
Comme souvent à Courbevoie, on ne peut que s’émerveiller en se disant qu’un jour, sans doute dans les années 60, un architecte a pondu ce plan en se disant sûrement « trop beau ce plan, qu’est-ce que ça va être chouette ! »
Le projet participe donc à la rénovation du coeur de ville pour lui rendre un peu d’attractivité. La situation actuelle de la place Hérold pourrait simplement être qualifiée de gargouillis de voiture. Partout des voitures, avec des routes dans tous les sens, et aucun espace convivial ou même esthétique. Même les espaces verts semblent malheureux d’être là
Avant les élections, la mairie avait fait un peu de teasing électoral en construisant une allée devant l’église, pour le moins incongrue dans cette place. Depuis, un concours d’architecte a été lancé et un projet a été retenu (qui devait sans doute se débrouiller pour conserver l’allée électorale). D’après le plan, quelques points clés se dessinent pour la place :
- Suppression de la rue devant l’église
- Suppression des 2 rues assez inutiles qui coupaient le carrefour
- Création d’une grande place piétonne devant l’église
- Création d’une contre allée qui pourrait servir au stationnement
La mise en place du stationnement résidentiel à Courbevoie faisait partie des propositions de la majorité aux dernières élections. Ce point faisait même partie des (nombreux) points communs entre les candidats Jacques Kossowski et Jean-André Lasserre. Et heureusement qu’il était au programme ! En effet, lors de la signature de la délégation de service public entre Courbevoie et l’exploitant SAGS en 2013, la mise en place du stationnement résidentiel était déjà actée, et même accompagnée d’un plan prévisionnel…
Je ne tenterais pas d’expliquer ici le fonctionnement du stationnement résidentiel de Courbevoie. En effet, l’explication donnée dans le Courbevoie Mag était déjà complexe, les explications du conseil municipal l’étaient encore plus, et les deux ne disaient pas toujours la même chose. En bref cependant, nous aurons la possibilité d’avoir une carte de résident à 30€ / mois (l’opposition juge le prix trop cher et prend pour exemple… Puteaux !), on ne pourra se garer que dans son propre quartier (l’opposition aurait préféré qu’on se gare partout) et certaines zones hyper centre avec des commerces n’en bénéficieront pas pour promouvoir la rotation des véhicules.
Par ailleurs, le stationnement deviendra aussi payant entre midi et deux pour une sombre histoire de dépénalisation n’ayant rien à voir avec le cannabis. Bien qu’ayant eu deux fois l’explication de Marie-Pierre Limoge (au conseil de quartier et au conseil municipal) je n’y ai toujours rien compris alors mon conseil : inventez vous-même une raison, ça sera plus simple.
Notons enfin que d’après la majorité, la mise en place du stationnement résidentiel aurait pour but de renvoyer les étrangers chez eux : en effet, le stationnement de Courbevoie étant actuellement gratuit dans certaines rues, beaucoup d’habitants des communes voisines viendraient se garer chez nous.
3/ Stationnement souterrain
La délibération la plus attendue du conseil concernait les parkings souterrains de Courbevoie. Quelques 50 personnes avaient découvert le bunker souterrain du conseil municipal rien que pour ça ! Précisons d’ailleurs que mon jugement pourrait être un peu biaisé : ces nouveaux spectateurs ayant kidnappé toutes les places assises, leur cause m’est devenue immédiatement moins sympathique !
A l’origine de cette situation, une hausse spectaculaire des tarifs des parkings souterrains de Courbevoie. Ainsi, le prix de l’abonnement mensuel devait passer de 75€ à 111€ par mois ! Cette augmentation brutale et inexpliquée eut pour conséquences de nombreuses manifestations de mécontentement, une pétition ayant réuni 550 signatures. Avant le conseil municipal, une manifestation avait lieu devant la mairie, et une délégation fut reçue par le maire.
Lors du conseil municipal, nous avons pu reconstituer l’histoire des parkings souterrains de Courbevoie. Synthèse de ma compréhension :
- Auparavant les parkings étaient gérés par la ville elle-même.
- D’après la Cour des Comptes, la gestion des parkings était déficitaire de 3,8 millions d’euros (!!). Remarquable quand on sait que le délégataire ayant gagné le marché prévoit de réaliser environ 2M€ de chiffres d’affaire avec ces parkings !
- Pour régler le problème, une délégation de service public a été accordée à SAGS pour 20 ans.
- Dans cette délégation, le délégataire doit financer 15 millions d’euros de travaux
- La ville décide des prix
- Amusant de voir que de déléguer une gestion municipale déficitaire à un opérateur privé (qui doit lui réaliser au moins 15% de marge sur ses opérations) permet de régler les problèmes. Cela donne une idée assez effrayante de la manière dont les parkings devaient être gérés auparavant…
- Il est ainsi demandé au délégataire de réaliser 15M€ d’investissement et de gérer les parking de manière non déficitaire. Comment à part en augmentant les prix ?
- Et justement, les ‘fameux’ prix de 2015… avaient déjà été votés par la ville lors de la DSP en octobre 2013 ! Ainsi, les tarifs appliqués par l’opérateur sont tout simplement ceux qu’avaient décidé de longue date la mairie et qui faisaient partie du contrat avec la SAGS !
Suite aux contestations, la délibération adoptée lors du conseil municipal propose donc de nouveaux tarifs avec une hausse plus modérée, l’abonnement passant finalement à 87,5€. Bonne nouvelle pour les usagers, mais pas évident que cela règle la question de la rénovation urgente des parkings : le prestataire SAGS devait investir en tenant compte d’un certain niveau de revenu. Peu probable donc qu’il accepte d’investir autant avec moins de revenus…
Ainsi, le sujet était polémique à souhait et a permis à chaque groupe municipal de jouer son rôle à la perfection dans une sympathique répartition des rôles :
- La majorité avance qu’il n’y avait plus de problèmes puisque les prix augmenteraient moins que prévu et promettant que les travaux seraient quand même réalisés, mais sans dire avec quel argent. Circulez, il n’y a rien à voir !
- Le groupe d’opposition PS-Modem-EELV ne pouvant que profiter de la situation pour attaquer la majorité sur la délégation de service public la rendant coupable de tous les maux, même si elle n’a fait sur l’aspect prix qu’exécuter le contrat conclu avec la ville. Opposition assez technique avec beaucoup de chiffres et de comparaisons qui font mal à la tête, pour au final demander un gel des tarifs. Sympathique pour les habitants, mais comment fait-on pour les travaux ?
- De son côté, Arash Derambash, opposition Divers Droite a introduit le ‘story telling’ dans le conseil municipal en contant l’histoire de Maurice, 78 ans, qui est très triste parce qu’il s’est fait brûler sa voiture et qu’en plus on lui augmente le prix du parking. Pour au final demander que le prix baisse avec plus d’investissements. Où l’on repense au beurre, à son argent et à cette charmante crémière…
- Enfin, le FN s’en fout et n’a rien dit.
Au final, pas grand monde ne sort grandi de cet épisode, même si les origines du problème sont sans doute plus à chercher dans la gestion passée des parkings souterrains et dans une certaine insouciance pour fixer les tarifs au moment de la DSP.
Le mot de la fin revient à Jacques Kossowski qui, interpellé par des spectateurs ignorant qu’ils n’avaient pas le droit d’intervenir, rappela sèchement « c’est moi le patron ici ! »